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LES FRUITS DU SAMEDI MATIN

A CREATIVE REFLECTION ON MY YEAR ABROAD

BY TAMARA MOULE

Le soleil s’infiltre entre les rideaux que je n’ai pas bien fermés hier soir quand je suis rentrée. J’entends les voix des personnes dans la rue en bas de mon appartement, les braves qui se sont levées tôt ce samedi matin pour attaquer la journée, faire les magasins, profiter du soleil de printemps. Moi, je suis encore sous la couette, en train de me réveiller. J’ai un peu peur de regarder l’horloge, je ne veux pas voir que j’ai dormi toute la matinée- c’est le risque après des vendredis soirs passés entre amis en buvant du vin sur les petites places au centre-ville. En fait, il n’est que 9h. Je suis contente que moi aussi je vais pouvoir profiter de la journée. 

 

Levée, douchée, habillée, je ferme la porte derrière moi en tournant la clé. Je descends les escaliers et je sors pour retrouver le soleil et le jour qui m’attend. Je connais bien la route à prendre, je ne suis pas perdue dans les petites rues sinueuses comme des touristes qui flânent en prenant des photos. Les groupes de gens ont déjà commencé à remplir les rues, des amies qui se sont rencontrées pour boire un café ou manger un brunch, des familles venues en ville ce samedi matin. Agilement, je zigzague entre eux, arrivant à la place de la Mairie, ou les petites tables des bistrots sont installées sur un côté de la place, en face des stands de fleuristes venues en ville pour vendre leurs roses, muguets, iris. En haut de la place, je m’arrête une seule fois au distributeur de billets, et je pars avec deux billets de dix euros dans ma poche. 

 

D’ici là, la route ne prend que quelques minutes, je passe par la place Richelme ou les poissonniers sont installés à côté des stands de légumes et du miel. Hier soir les tables des bars étaient installées sur cette place, où je bavardais avec mes amies jusqu’à minuit. Je passe la pâtisserie, et j’admire les belles tartes aux framboises et les gâteaux au chocolat. De l’autre côté, le petit Monoprix du centre-ville est occupé comme toujours.  

 

Quelques pas de plus, et enfin je suis arrivée. La grande place devant moi, normalement vide à part quelques motos, est bondée. Ceci n’est pas un petit marché comme celui que je viens de passer, je suis arrivée à la corne d’abondance du samedi matin. Des stands arrangés en de  longues lignes serpentines débordent de fruits et légumes, de savons, d’olives… Des gens avec des sacs remplis de produits se faufilent entre ceux qui viennent de commencer leurs courses. Puis il y a ceux qui ne sont pas là pour les affaires, mais pour le plaisir de se promener au milieu des produits provençaux comme s’ils étaient dans une gallérie d’art. 

 

A gauche, président des stands de fruits et légumes. On commence par les pommes – rouges, jaunes, puis des oranges et des bananes.  Des tomates (cerises, jaunes, grosses) sont positionnées à côté des betteraves, qui sont partiellement couvertes par les feuilles des épinards frais. Les asperges sont déjà organisées en grappes, les poireaux sont en vrac, les raisins noirs ne veulent pas rester dans leur boite – ils se sont renversés sur des radis à côté. C’est une gamme de couleurs qui finit par les pommes de terre, les carottes, les oignons. On ne peut jamais voir la table sous toutes ces richesses naturelles. 

 

En face, des vendeurs d’olives offrent aux gens de goûter de la tapenade sur des morceaux de pain grillé, ils expliquent le processus de conserver ces olives, ils mettent avant les huiles naturelles qu’ils utilisent. Ils vendent aussi des tomates séchées comme je n’en ai jamais vues- elles sont préservées naturellement au soleil sans des huiles ; elles brillent comme des rubis sur la table. 

 

Après on trouve les stands de viande et de pâtes fraîches et puis ceux des fromages. Pas juste du Brie ou du Comté, les touristes sont particulièrement attirés par des fromages bleus et verts, colorés par le basilic et la lavande. Mais c’est toujours les stands de champignons qui me surprennent le plus, il y a des variétés qui semblent être extra-terrestres.  Des cèpes torsadés, ils ont l’air d’être récoltés dans un bois de fées. Je n’ai aucune idée comment les cuisiner, dans tous les cas ils coûtent plus que l’ensemble de mes courses par kilogramme, ce n’est pas de la nourriture pour étudiants. 

 

Je passe le vendeur d’œufs où il y a une longue queue de gens, et j’arrive près de deux femmes qui vendent des casseroles en terre cuite, décorées en couleurs vives avec des dessins de feuilles et de baies. Mon sac à la main est lourd, rempli d’aliments. Dans ma poche, les billets ne sont plus là- il n’y a que quelques pièces que je garderai pour utiliser à la laverie dimanche soir. Je prends la rue près des derniers stands et je quitte le marché, contente que le week-end ait bien commencé. 

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